Peut-on vraiment parler de la great resignation ou grande démission en France?
Recrutement
Mar 15, 2023

Peut-on vraiment parler de la great resignation ou grande démission en France?

Pour commencer quelques chiffres des US d’où nous vient cette expression :

Entre mars et avril 2020 => 15.8% des actifs sont licenciés soit 22 millions de personnes, le taux de démissions pendant crise est donc minime: 1.8%

Puis reprise post-Covid, 47 millions d’américains ont quitté leur job sur 2021 avec un pic record en octobre 2021 (6,8% de démissions soit 3 fois plus qu’en N-1)

Et quelques chiffres qui concernent la France:

Sur Q1 et Q2 2021, une moyenne de 520 000 démissions par trimestre et 90% de démissions de « CDIsés » vs respectivement 510 000  et 80% post crise financière de 2008

Il est tout d’abord important de spécifier que le phénomène "grande démission ou great resignation" ne consiste pas en une démission classique d’un job pour en retrouver un identique avec de meilleures conditions(rémunération et avantages sociaux), mais d’en finir avec les « bullshit jobs »*, le « brown out »**...

Il désigne donc une tendance des salariés à quitter leur emploi pour créer leur propre entreprise ou devenir indépendant. Ce phénomène est donc très souvent associé à la recherche d’agentivité ou capacité à agir sur sa vie, de liberté professionnelle, de flexibilité, de sens et de bien-être au travail, il est difficile de dire si le phénomène de la grande démission est si présent en France, car il n'existe pas de données précises sur le nombre de personnes qui quittent leur emploi pour devenir indépendants.

A noter que taux de démission est un indicateur cyclique. Il est bas durant les crises et il augmente en période de reprise

Cependant, il est aisé de s’avancer sur le fait que le nombre de travailleurs indépendants ait augmenté ces dernières années, en raison de l'essor des plateformes en ligne qui permettent de trouver facilement des missions en tant qu'indépendant (ex: Malt) et du phénomène notoire d’aversion pour les entreprises qui sont réfractaires à la conduite du changement et/ou qui ont des difficultés à répondre sur le court terme aux attentes des collaborateurs.

On peut aussi évoquer le fait qu’aujourd’hui les critères de démission pour beaucoup de collaborateurs restent finalement inchangés vs ma période avant la pandémie, à savoir, la mauvaise relation avec son manager direct,

En revanche ce sont les critères d’engagement qui ont eux changé: on parle toujours des critères de la rémunérations et avantages sociaux, mais aujourd’hui on note de très fortes attentes des collaborateurs en matière :

  1. de liberté dans l’organisation de son travail,
  2. d’implications de leur organisation sur des sujets éthiques et sociaux,
  3. De mise en place de nouveaux modèles de management plus souples (horizontalité, travailler en mode projet),
  4. De définition d’une gouvernance différente (permettre aux collaborateurs de participer aux prises de décisions)

Il est grand temps d’allier performances économiques et sociales et d’être attentif à d’autres phénomènes tels que:

•       Quiet quitting

•       Fire movement, tendance à « la semaine de 4h », savoir économiser et investir notamment dans l’immobilier ou en bourse pour partir à la retraite précocement.

•       Les Anti-work : nouveaux syndicalistes qui se rebellent contre les salaires bas

•       La Yolo économy : carpe diem, reconversion vers un métier qui a du sens. Une activité qui ramène un salaire et une ou d’autres activités en parallèle pour s'épanouir véritablement

* « bullshit job ou travail à la con »: emploi rémunéré, sans utilité pour soi et la société, mais qui tient le salarié en poste moyennant un salaire et un statut social.

**« brown out  ou démission intérieure »:salarié, souvent exemplaire de prima bord, en baisse considérable d’énergie et de motivation dans l’exercice de ses fonctions

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